J’étais enceinte, j’avais 30 ans, je n’étais nulle part du point de vue professionnel. Un matin, je reçois un mail de Serge Brussolo, alors directeur de collection aux éditions du Masque, qui avait lu une de mes nouvelles policières : il m’informe qu’il cherche de jeunes auteurs et que si j’ai un projet de roman, je n’hésite pas à le lui proposer. Je n’avais rien dans mes cartons (au sens propre comme au figuré : nous étions en plein déménagement), mais quand on reçoit ce genre de mail, il faut prendre le train en marche sans quoi, personne ne vous attend. Le jour même, je vais faire des courses dans une supérette près de chez moi. A la caisse, devant moi, une femme, voyant que j’étais enceinte, engage la conversation, me dit qu’elle possède des vêtements de grossesse, qu’elle habite le quartier et qu’elle veut bien me les donner si je l’accompagne jusque chez elle. Cela faisait des années que je vivais dans ce quartier et je ne l’avais jamais croisé. Cette proposition m’a mis mal à l’aise. J’ai poliment décliné et je suis rentrée chez moi. Je raconte l’anecdote à mon compagnon qui me demande pourquoi j’ai refusé. D’une traite, je lui explique que, peut-être, cette femme était stérile et cherchait juste à m’attirer chez elle pour me séquestrer et me voler mon bébé. Je m’interromps soudain : quelle histoire ! J’en fais un synopsis que j’envoie à Serge Brussolo. Il trouve l’idée intéressante, me demande d’écrire 3 chapitres. J’entame la rédaction du roman et chaque mois, je lui envoyais mes chapitres. Lorsque le roman fut écrit, il m’annonce qu’il le propose pour le prix Cognac. Voilà. En quelques mois, j’étais devenue maman et écrivain. Pour info, je n’ai plus jamais vu la femme de la supérette, mais ma carrière était lancée.
Elle avait vu en lui le rêve se faire réalité. Elle, c’est Jeanne. Une jeune femme qui s’est fait le serment de quitter au plus vite le climat de misère dans lequel elle vit. Lui, c’est Richard. Richard Tavier, un homme puissant qui poursuit avec succès une carrière politique.
S’il épouse Jeanne, c’est afin de toucher la première moitié de l’héritage de son père. La seconde partie ne lui reviendra que lorsqu’il aura un fils. Or Jeanne est stérile et ne lui donnera donc jamais cet héritier.
C’est à la mort de son mari, qu’elle apprend que celui-ci l’a déshérité, au profit d’une certaine Suzanna Da Costa, qui n’est autre que sa jeune maîtresse portugaise.
Il est pour elle inconcevable de retrouver l’état de pauvreté duquel Richard l’a sortie. Et pour ça, elle est prête à commettre l’irréparable : se débarrasser de sa concurrente.
Mais voilà, Suzanna est enceinte de Richard. Cela change tout, car l’existence de cet enfant lui donne droit à l’entièreté du patrimoine des Tavier. Les choses deviennent simples : cet enfant sera le sien !
Avant toute chose je voudrais remercier « l’inconnue de la supérette » sans qui ce roman n’aurait certainement pas vu le jour !
Trêve de plaisanteries, pour son premier roman Barbara Abel m’a réellement épaté. Elle utilise au départ une aventure traditionnelle, celle de la maternité, pour en faire de pied en cap une histoire hors normes, nous entraînant ainsi dans un huis clos cauchemardesque.
L’instinct maternel, formulation suave produite certainement par la douceur du mot « maternel », qui comporte cependant une touche animale avec le terme « instinct ».
L'instinct maternel est divinement animal. La mère n'est plus femme, elle est femelle .
Et si le « divinement » vire au « monstrueusement » ? Eh bien nous y voilà, c’est le ton du roman de Barbara Abel.
La psychologie des personnages est réalisée de manière approfondie et l’auteure donne pour le coup une belle consistance aux deux protagonistes. La police est, je dirai « presque » accessoire dans ce livre, que je qualifierai d’ailleurs de roman psychologique plutôt que de roman policier.
L’instinct maternel restera pour moi une lecture fascinante mais éprouvante, que j’ai d’ailleurs terminée avec une espèce de frénésie compulsive afin d’être libérée d’une sensation oppressante.
J’ai été déconcertée, malmenée, horrifiée mais j’en ai raffolé … chapeau Madame Abel !
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Le concierge masqué " Barbara Abel :: Derrière la haine
Après avoir lu le roman de Barbara Abel, Derrière la haine (Fleuve Noir), vous aurez une autre vision de vos voisins, et vous resterez cloîtrés chez vous ? Et si vous avez une haie dans votre ...
http://www.concierge-masque.com/2012/09/06/barbara-abel-derriere-la-haine/
Depuis toujours, Barbara Abel est férue de théâtre et de littérature. Elle suit à 15 ans les cours de théâtre de Bernard Marbaix à l’Académie d’Etterbeek, puis opte pour des études littéraires qui la mèneront jusqu'à une licence en philologie romane à l'Université Libre de Bruxelles. Après avoir été élève à l'école du Passage à Paris, elle exerce quelques temps le métier de comédienne et joue dans des spectacles de rue. À 23 ans, elle écrit sa première pièce de théâtre, « L'esquimau qui jardinait », qu'elle interprètera avec succès sur les planches bruxelloises et au festival de Spa. Privilégiant bientôt sa passion pour l’écriture, elle remporte le Prix Cognac en 2002 pour son premier roman « L’instinct maternel », avant d’être sélectionnée par le jury du Prix du Roman d’Aventures pour « Un bel âge pour mourir », adapté à la télévision avec Emilie Dequenne et Marie-France Pisier dans les rôles principaux. S’ensuivent « Duelle » en 2005, « La mort en écho » en 2006, « Illustre Inconnu » en 2007, « Le bonheur sur ordonnance » en 2009, « La brûlure du chocolat » en 2010 et « Derrière la haine » en 2012. Elle signe également le scénario de « Je vous salue Jennifer », illustré par Gérard Goffaux aux éditions Quadrant. Aujourd’hui, certains de ses livres sont traduits en Allemand, en Espagnol et en Russe.